Quand les aidants s'ignorent

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Aidant et proche dépendant

Bien que 9,3 millions de Français se définissent comme aidants (1), nombreux sont ceux qui ne se reconnaissent pas comme tel. Et pourtant, cette méconnaissance peut avoir des impacts importants, tant sur la santé que sur l’accès aux droits et aux ressources disponibles. Alors, comment savoir si vous êtes un aidant et pourquoi est-ce si important ?

Les gestes du quotidien peuvent masquer un rôle essentiel

Savez-vous que de simples actions, comme rendre visite régulièrement à un voisin âgé, aider un ami à remplir des papiers administratifs ou accompagner un parent chez le médecin, pourraient faire de vous un aidant ?

Ce que dit la loi

Depuis 2015, le proche aidant est juridiquement défini comme une personne qui assiste un individu dépendant en raison d’un handicap, d’une maladie ou de l’âge (loi n° 2015-1776). Mais cette définition peut paraître distante à ceux qui ne se considèrent pas comme « dévoués ». Pourtant, le rôle d’aidant englobe une large diversité de situations, au-delà de l’aide matérielle : soutien psychologique (écoute et encouragements), aide financière, même partielle ou ponctuelle et gestion des démarches administratives.

Un rôle souvent invisible

Un quotidien qui devient un engagement

L’aidance ne se résume pas à une aide intensive ou à un statut officiel. Elle peut être diffuse, s’immisçant dans la routine sans qu’on en prenne conscience. Qui peuvent être ces aidants invisibles ?

l’ami fidèle : celui qui prête une oreille attentive ou rend des services pratiques pour un proche en dépression ou souffrant de solitude ;

le pilier familial : une femme ou un homme actif, chargé(e) de gérer à distance les finances d’un parent vieillissant ;

le voisin solidaire : disponible pour faire des courses ou apporter une présence rassurante à un voisin en perte d’autonomie.

Pourquoi est-il crucial de se reconnaître comme aidant ?

Un rôle valorisant, mais épuisant

Aider, c’est souvent une source de satisfaction personnelle : amour, engagement moral, liens renforcés avec le proche aidé. Mais le cumul des responsabilités peut vite peser. Une enquête de 2020 (2) révèle que :

62 % des aidants ressentent un épuisement moral ou physique ;

45 % subissent une dégradation de leur vie sociale ou familiale ;

• les symptômes du « syndrome de l’aidant » incluent stress chronique, troubles du sommeil et fatigue intense. Ignorer son rôle d’aidant, c’est aussi ignorer ses besoins et les solutions disponibles : congés spécifiques, appuis financiers, groupes de parole, ou formations pour mieux appréhender cette mission.

Des impacts sur la vie professionnelle

De nombreux aidants jonglent entre leur emploi et leurs responsabilités. Selon une étude OpinionWay (2018), 56 % des aidants actifs ressentent une surcharge mentale au travail et près de 20 % ont modifié leur emploi du temps professionnel, diminué leur temps de travail ou arrêté de travailler pour s’occuper de leur proche. Reconnaître son rôle d’aidant permet d’identifier les solutions offertes en milieu professionnel : télétravail, flexibilité horaire, recours au congé de proche aidant.

Un statut invisible, mais essentiel

Ne pas s’identifier comme tel, c’est risquer de négliger votre propre santé ou d’accéder tardivement aux dispositifs existants. Par exemple, le congé de proche aidant permet de s’absenter pour accompagner son proche dans des moments cruciaux. Des structures de répit ou des plateformes d’information en ligne, comme Mon Parcours Handicap, peuvent vous épauler.

Aidants et entreprises : une co-responsabilité

Avec l’augmentation de l’espérance de vie et des pathologies chroniques, de plus en plus de salariés deviennent aidants. Les entreprises doivent reconnaître cet enjeu pour préserver leurs collaborateurs et limiter les risques qui pèsent sur eux.

Les pratiques innovantes pour accompagner les aidants salariés

Certaines initiatives peuvent inspirer :

• sensibilisation des managers pour identifier les situations d’aidance ;

• mise en place d’horaires flexibles ou télétravail adapté ;

• création de partenariats avec des associations ou des dispositifs de répit (financés ou proposés sur place) ;

espaces d’échanges au sein de l’entreprise, animés par des psychologues ou des conseillers sociaux.

Changer de regard sur l’aidance

S’il est parfois difficile de se définir comme un aidant, cette reconnaissance est une clé pour vivre mieux cette mission et accéder à un système d’appui en constante évolution. Mieux informé, plus accompagné, l’aidant devient un maillon essentiel d’une solidarité respectueuse et partagée.

« Vous êtes un aidant et vous ne le saviez pas encore ? Il est peut-être temps de poser un regard neuf sur vos gestes du quotidien, pour y voir non seulement une marque de solidarité, mais aussi un engagement puissant, à valoriser et protéger. »

Et vous, êtes-vous aidant ? Faites le test !

Prendre conscience de sa situation de proche aidant est important à plusieurs niveaux. Pour prendre soin de sa santé physique et mentale, pour être soutenu, à son tour, lorsqu’on en a besoin, mais aussi pour connaître ses droits et les services qui existent pour vous aider.

Que vous soyez conscient de votre situation d’aidant ou que vous vous posiez des questions, évaluez-vous en quelques clics avec notre test et faites le point sur votre situation.

(1) DREES, 2021.

(2) IPSOS, 2020.