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Iatrogénie médicamenteuse : attention danger !

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Les personnes âgées sont quotidiennement confrontées au risque d’iatrogénie médicamenteuse. Si les médicaments sont, en effet, nécessaires pour lutter contre un grand nombre de maladies, leur usage n’est pas anodin, ni sans risque. L’iatrogénie peut entraîner des effets indésirables graves, des complications cliniques, voire des hospitalisations.

Qu’est-ce que l’iatrogénie médicamenteuse ?

L’iatrogénie médicamenteuse désigne l’ensemble des effets, néfastes et indésirables, provoqués par la prise de médicaments. Elle regroupe des symptômes très divers depuis la simple fatigue jusqu’à l’hémorragie digestive.

En matière d’iatrogénie médicamenteuse il convient de distinguer, d’une part, les erreurs médicamenteuses qui sont, par définition, évitables et, d’autre part, les effets indésirables liés aux médicaments eux-mêmes. Ceux-ci sont, en revanche, plus difficilement décelables :

  • un défaut d’organisation dans la procédure de la prise en charge médicamenteuse : mauvais horaire, mauvais dosage…
  • une prescription inappropriée ou insuffisamment évaluée (par exemple une allergie inconnue),
  • une interaction entre les différents médicaments.

Les personnes âgées sont particulièrement vulnérables

Tout le monde est potentiellement concerné par l’iatrogénie médicamenteuse. Mais, à partir de 65 ans, ce risque est accru. Le vieillissement entraîne de nombreuses modifications de l’organisme chez les seniors. L’altération des fonctions physiologiques (insuffisance rénale, insuffisance hépatique, déshydratation), rend l’élimination des médicaments plus lente. L’action des médicaments peut ainsi être modifiée et leur toxicité augmentée. Les effets indésirables sont 2 fois plus fréquents et plus graves : 10 % à 20 % entraînent une hospitalisation. 45 à 70% des 10.000 décès et 130.000 hospitalisations qui sont imputés à l’iatrogénie médicamenteuse sont des accidents évitables.

Iatrogénie

Un risque réel que l’on retrouve également en Ehpad

En Ehpad, les résidents cumulent très souvent plusieurs pathologies à la fois. De fait, ils prennent en moyenne, chaque jour, 9,9 unités médicamenteuses, à des horaires et sous des formes différentes, même s’il s’agit le plus souvent de comprimés ou gélules. Cette consommation large est de plus très variable selon les personnes, ce qui multiplie les risques d’erreurs.

D’autre part, l’autonomie des patients, souvent très basse (GIR de 1 à 2), et la fréquente dégradation neurologique associée, incitent à la prescription de psychotropes, dont les conditions d’utilisation doivent être strictement respectées. Les psychotropes sont la première classe prescrite à plus de 70 % des résidents (en particulier des antidépresseurs, anxiolytiques et hypnotiques), devant les antihypertenseurs et les antalgiques.

La lutte contre l’iatrogénie médicamenteuse

Elle s’organise depuis plusieurs années maintenant. Elle passe par une sensibilisation forte des patients et de l’ensemble du personnel soignant sur le bon usage des médicaments. Elle intègre principalement la sécurisation de la prescription, le renfort du conseil pharmaceutique, la collaboration entre les médecins généralistes et les pharmaciens d’officine et, bien entendu, l’évolution des pratiques des équipes de soins au sein des Ehpad.

Au sein des établissements, les efforts portent notamment sur l’optimisation des procédures de préparation et distribution des médicaments qui se présentent trop souvent sous des formes différentes : gélules, pilules, sachets, gouttes, patchs…

Sources : Ameli, Collectif Bon usage du médicament et Union Nationale des Pharmacies de France (UNPF).

article en synthèseCet article en synthèse
. L’iatrogénie médicamenteuse correspond aux effets indésirables, souvent graves, provoqués par la prise de médicaments.
. Les personnes âgées, en raison de la prise multiple de médicaments, sont particulièrement exposées au risque de iatrogénie médicamenteuse.
. L’iatrogénie médicamenteuse peut avoir des causes directement liées à l’âge et à la fragilité de la personne, à une intolérance aux médicaments eux-mêmes, à la prescription ou à la procédure d’administration.