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Les antidépresseurs sont-ils toujours nécessaires ?

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Fin 2017, la Haute Autorité de Santé a fait paraître de nouvelles recommandations dans la dépression. Chez le senior, elles font la part belle aux psychothérapies, associées si besoin aux antidépresseurs. Néanmoins, ces médicaments sont à manier avec prudence dans cette tranche d’âge.

C’est un vrai paradoxe français : trop d’adultes reçoivent des médicaments psychotropes alors qu’ils n’en ont pas l’utilité, tandis que des personnes âgées ayant une authentique dépression ne sont pas soignées, soit parce que leur maladie n’est pas reconnue, soit parce que la prescription d’antidépresseurs fait peur à cet âge. Pourtant, lorsque le diagnostic de dépression est posé, les études montrent que les antidépresseurs font mieux que le placebo. À l’inverse, en l’absence de dépression majeure, il n’y a aucun bénéfice à attendre d’un antidépresseur. Juste des effets secondaires…

Les antidépresseurs, pas toujours automatiques

En cas de dépression légère à modérée, il est donc préconisé de débuter par une psychothérapie. Si elle ne suffit pas, un traitement d’antidépresseurs pourra être proposé. En revanche, si la dépression est sévère, l’antidépresseur est prescrit en premier lieu (quitte à supprimer d’autres médicaments de la personne âgée, pas tous utiles et souvent contre indiqués avec la prise d’un psychotrope). Un soutien psychologique peut être proposé si aucune altération cognitive n’est observée, car celle-ci perturberait la thérapie. Il est d’autant plus essentiel de bien définir la dépression de la personne âgée que chez les plus de 65 ans, les épisodes dépressifs comportent un risque suicidaire élevé.

Les antidépresseurs sont-ils toujours nécessaires ?

Une vigilance accrue pour les plus de 75 ans

Que la personne soit jeune ou moins jeune, le choix de l’antidépresseur est toujours guidé par l’expérience et les maladies associées (diabète, maladie cardiovasculaire, insuffisance rénale etc.). Il n’en reste pas moins que les effets indésirables de l’antidépresseur sont plus fréquents chez les personnes âgées et nécessitent une surveillance plus étroite. Parmi eux, une perte osseuse, un excès de sérotonine dans le système nerveux central, des effets cardio-vasculaires, des nausées, une somnolence, un risque de chutes et de fractures, des saignements gastro-intestinaux, etc. De plus, il est vivement déconseillé d’associer plusieurs antidépresseurs chez les plus de soixante ans.

Une posologie progressive

En pratique, les premières prises débutent à dose faible, avant d’augmenter jusqu’à la dose minimale efficace. Chez les seniors, les résultats seront évalués six à douze semaines plus tard, au lieu de trois semaines chez les sujets plus jeunes. Chez la personne âgée également, il est préférable de prescrire un antidépresseur jusqu’à un an après la rémission : le risque de rechute est en effet particulièrement élevé, surtout en cas de maladie associée. Si le traitement échoue, il ne faut pas non plus renoncer : les études montrent qu’après un second, voire un troisième ou un quatrième essai avec un autre antidépresseur, plus de 80 % des malades sont en rémission. Enfin, ces médicaments provoquent des dépendances physiques et psychologiques. Leur arrêt doit donc être accompagné et progressif, afin d’éviter l’apparition de symptômes identiques à ceux d’un sevrage : anxiété, tremblements, convulsions, paranoïa ou encore hallucinations.

Prescrits à bon escient et bien utilisés, les antidépresseurs permettent d’obtenir de bons résultats chez les personnes âgées qui souffrent d’une dépression majeure. Il ne faut donc pas en avoir peur, et penser à les associer à une psychothérapie afin d’améliorer le traitement.

article en synthèseCet article en synthèse
. Les dépressions sous-jacentes concernent un grand nombre de personnes âgées et il est important de bien les reconnaître.
. Une dépression légère à modérée pourra se soigner grâce à une psychothérapie. En revanche, en cas de dépression majeure, seuls les antidépresseurs seront efficaces.
. Certains effets indésirables de l’antidépresseur sont plus fréquents chez les personnes âgées et nécessitent une surveillance plus étroite.