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Comment concilier vie professionnelle et vie d’aidant ?

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En France, 70 % des aidants ont une activité professionnelle(1). Parmi eux, plus de la moitié consacre cinq heures minimum par semaine à leur proche dépendant. Ils sont même 20 % à passer au moins 20 heures avec la personne aidée .

Se pose alors la difficile question de l’organisation : comment jouer pleinement son rôle d’aidant tout en étant actif ? Depuis quelques années, de nouveaux dispositifs permettent de mieux concilier vie professionnelle et vie d’aidant.

Sommaire

Organiser sa vie d’aidant

L’aidant encore actif est souvent contraint de régler sur son temps de travail les problèmes de la personne aidée. Parfois même il doit partir en urgence pour se rendre auprès de son proche. Cette situation est une source de stress permanent qui peut affecter la santé de l’aidant voire même le conduire au burn-out. Aussi, pour éviter d’en arriver là, il faut accepter de se faire aider.

40 % des aidants estiment manquer de temps
31 % souffrent de fatigue physique(1)

Savoir déléguer

Vous n’êtes pas obligé d’être la seule personne à vous occuper de votre proche. Vous pouvez faire appel ponctuellement à la famille, à des amis ou recourir à des services d’aide à domicile. Sachez que des aides et des réductions d’impôts peuvent en partie financer ces services.

De même, vous pouvez faire venir du personnel médical (infirmière, kinésithérapeute…) pour réaliser des soins au domicile de votre proche. S’ils ont été prescrits, ils seront remboursés par l’Assurance maladie.

Les services à domicile

Pour bien s’entourer

Comment les solliciter ?

Accepter de confier son proche

Pour faire des pauses régulières, vous pouvez aussi confier votre proche à une structure d’hébergement temporaire. Il bénéficiera ainsi de l’accompagnement de professionnels dans un environnement adapté. L’accueil peut se faire régulièrement : par exemple une demi-journée (ou journée ou nuit) par semaine. Il peut aussi s’effectuer par périodes (plusieurs jours ou semaines répartis dans l’année) selon les besoins et les places disponibles.

Se faire accompagner

Parler de ses doutes et difficultés est essentiel lorsqu’on mène de front vie professionnelle et vie d’aidant. Cela fait diminuer la pression et facilite la prise de recul. Vous pouvez, par exemple, participer au Café des aidants ou intégrer un réseau d’entraide d’aidants. Vous pouvez également suivre à distance un atelier Connect’Aidants ou une formation de La Maison des aidants.
Enfin, vous pouvez appeler tous les jours de 8 h à 22 h le 01 84 72 94 72. Cette ligne d’information et d’écoute vous met en contact avec des bénévoles ayant une expérience de la relation d’aide.

Bon à savoir
Tutélaire propose des services d’assistance aux aidants et aidés ayant souscrit un contrat dépendance sâge autonomie. Ceux-ci sont accessibles même en cas de dépendance partielle (versement d’un capital forfaitaire dès le GIR 4, versement d’une rente mensuelle dès la reconnaissance en GIR 3).

Aménager sa vie professionnelle

Par pudeur ou peur de retombées négatives, les aidants n’osent pas toujours parler de leurs difficultés à leur employeur. Pourtant, les entreprises commencent à être sensibilisées à cette question.

Adapter ses conditions de travail

Il est possible d’envisager des aménagements avec son entreprise : horaires, lieu de travail, déplacements, nature des missions, congés…

Lors de votre négociation, pensez à valoriser votre rôle d’aidant. Expliquez votre situation (responsabilités, contraintes…) et les compétences indispensables qu’elle nécessite de développer (capacité d’adaptation, qualités relationnelles…).

Avant d’entamer toute discussion, renseignez-vous auprès des représentants du personnel ou du service social sur les possibilités proposées par l’entreprise. Des dispositions pouvant faciliter votre vie d’aidant, notamment des mesures offrant plus de souplesse aux salariés, existent peut-être. Il peut s’agir par exemple de flexibilité horaire (plages élargies d’arrivée et de départ) ou d’annualisation du temps de travail. Dans ce cas, le salarié alterne périodes de travail avec des plages horaires étendues et périodes de repos.

Bon à savoir
Le salarié aidant peut refuser le travail de nuit et demander son affectation sur un poste de jour. Cela ne constitue en aucun cas une faute ou un motif de licenciement.
L’employeur est obligé d’accepter une demande d’horaire individualisé d’un salarié handicapé ou d’un salarié aidant une personne handicapée.

17 % des aidants ont aménagé leurs horaires de travail (2).

Réduire son temps de travail

Les proches aidants peuvent bénéficier de dons de jours de repos non pris (RTT solidaires). Ainsi, un salarié peut, après accord de l’employeur, donner anonymement à un collègue aidant tout ou partie de ses congés. Cette disposition s’applique aux employés du secteur privé, aux agents publics et aux militaires. Elle ne concerne toutefois que la partie excédant les 4 semaines de congés annuels.

La loi prévoit également d’autres mesures en faveur des proches aidants(3).

  • Les parents d’enfants en situation de handicap vivant à domicile peuvent bénéficier de jours de congés supplémentaires.
  • La durée des congés pris en une seule fois peut excéder 24 jours.

12 % des aidants ont diminué leur temps de travail (2).

Prendre un congé spécifique

Plusieurs types de congés et d’allocations existent pour aider à concilier vie professionnelle et vie d’aidant. Les salariés, demandeurs d’emploi et travailleurs indépendants peuvent notamment bénéficier de ces dispositifs.

Le congé de solidarité familiale

Il concerne les personnes accompagnant un proche dans une phase très avancée de la maladie. Sa durée légale est de 3 mois maximum, sauf en cas de convention collective ou d’accord d’entreprise plus avantageux. Il peut être renouvelé une fois et pris en continu, de façon fractionnée ou en période d’activité à temps partiel. L’allocation journalière d’accompagnement d’une personne en fin de vie versée pendant 21 jours maximum vient limiter la perte de revenus.

Le congé de proche aidant

Il est destiné aux personnes qui souhaitent se rendre disponibles pour s’occuper d’un proche handicapé ou d’un proche âgé dépendant. Ce congé, de 3 mois maximum, ne peut être ni refusé, ni reporté par votre entreprise. Il peut être de surcroît renouvelé sans toutefois aller au-delà d’une durée d’un an sur l’ensemble de la carrière professionnelle. L’allocation journalière du proche aidant attribuée sous certaines conditions compense en partie l’absence de rémunération pendant cette période.

Faire une pause avec la personne aidée

Le congé de proche aidant

En savoir plus dans notre article

article en synthèse L’essentiel en 3 points
. Concilier vie professionnelle et vie d’aidant exige de poser des limites quant à son rôle d’aidant. Recourir à des aides extérieures, faire héberger temporairement son proche ou bénéficier d’un accompagnement sont des solutions pour y parvenir.
. En complément de ces mesures, aménager ses conditions de travail et/ou ses horaires permet de se rendre disponible plus facilement.
. Enfin, prendre un des congés prévus pour les aidants offre la possibilité de passer plus de temps avec son proche. Bien que non rémunérés, tous ouvrent droit à une allocation journalière, octroyée sous conditions.

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(1) Baromètre des aidants 2022, étude réalisée par l’institut de sondage BVA pour la Fondation April
(2) Enquête IPSOS-Macif sur la situation des aidants en 2020
(3) Loi n° 2016-1088 du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels